Livres de cinéma, de J.J. Abrams à Sidney Lumet

Puisqu’il faut commencer à préparer les cadeaux de Noël, nous entamons cette nouvelle rubrique avec l’intention de vous conseiller la crème de la crème des livres de cinéma. Au menu de novembre : un essai sur J.J. Abrams, un autre sur Frederick Wiseman, la leçon de cinéma de Sidney Lumet et les pamphlets de Charlie Van Damme.

Voilà 20 ans que le nom de J.J. Abrams s’est fait connaître, avec les séries Felicity puis Alias. Egalement co-scénariste d’Armageddon, passé ensuite par Lost avant de goûter aux joies du septième art, le showrunner et réalisateur s’est tout particulièrement distingué sur grand écran par sa façon de réinventer des univers créés par d’autres. De Mission impossible à Star Trek en passant par Star Wars, le new-yorkais réalise, produit et écrit des films qui ne font que mettre en valeur son statut de cinéphile passionné. C’est ce qu’écrit Erwan Desbois dans son ouvrage J.J. Abrams ou l’éternel recommencement, essai analytique aussi pointu qu’accessible, dans lequel il décortique la façon dont Abrams s’approprie ces mondes souvent balisés pour en donner son propre éclairage.

Le même éditeur, Playlist Society, vient de lancer une deuxième collection, nommée Face B. Des livres petit format, peu coûteux, dans lesquels on nous promet des entretiens avec des grands noms du cinéma (mais aussi de la musique ou d’autres domaines artistiques). C’est par un livre consacré à Frederick Wiseman que s’ouvre cette collection Face B. Dans Frederick Wiseman, à l’écoute, Laura Fredducci, Séverine Rocaboy et Quentin Mével ont longuement rencontré le cinéaste, auteur d’une quarantaine de documentaires en 50 ans. Le regard acéré du réalisateur sur le monde et sa façon de concevoir ses films font partie des thèmes abordés au sein d’un livre passionnant, qui contient également un essai écrit par Laura Fredducci.

Parmi les succès (mérités) de l’année qui vient de s’écouler, il y a Faire un film, essai écrit par le cinéaste Sidney Lumet il y a quelques années, et qui a fait l’objet d’une traduction française fin 2016 grâce à Capricci. Aujourd’hui disparu, le réalisateur de Un après-midi de chien et Network revient sur sa carrière à travers une longue leçon de cinéma chapitrée avec simplicité (les acteurs, le scénario, la caméra…) dans laquelle il prodigue de nombreux conseils, évoque ses propres souvenirs afin d’alimenter son propos, et fait à la fois comprendre pourquoi le métier de cinéaste est aussi addictif qu’exigeant. Un ouvrage idéal pour qui souhaiterait éventuellement se lancer dans une carrière liée au septième art.

Aujourd’hui âgé de 71 ans, le chef opérateur belge Charlie Van Damme sort quant à lui Le cinéma est un sport de combat !. Aucun rapport avec les arts martiaux ou JCVD : pour celui qui fut également enseignant en cinéma, il s’agit surtout d’exprimer une vision de son art ainsi qu’une vision du monde. Ouvrage un rien foutraque où se succèdent ce qu’il appelle des “pamphlets” (textes pleins de convictions, écrits au cours des 25 dernières années), intercalés avec des appendices plus courts, ce recueil mêle souvenirs embrumés, craintes face à l’évolution du monde (et du paysage cinématographique), mais aussi manifestes d’un artiste et technicien sans concessions, convaincu que le cinéma peut élever et réunir les peuples tout autour de la planète. Un ensemble inégal mais gorgé de passion, par celui qui travailla entre autres avec Resnais (Mélo), Varda (L’une chante, l’autre pas) ou encore Dupeyron (Drôle d’endroit pour une rencontre).

Lucile Bellan

[Image 2017 © Playlist Society]